Dans un championnat toujours plus serré, tous les stades sont tombés cette saison face aux assauts adverses … tous sauf un : le stade Pierre-Fabre de Castres qui reste la dernière fortification du Top 14 que seuls les Bordelais sont parvenus à faire trembler ramenant les deux points du match nul. Un déplacement historiquement difficile à négocier pour les Auvergnats qui n’y ont gagné que 3 fois en 45 ans mais qui auront probablement dans un coin de la tête les souvenirs du match aller (la seule défaite du Top14 au Michelin) pour aiguiser leur appétit. Pas encore décisif pour la qualification, le vainqueur prendra toutefois une belle option…

 

C’est un euphémisme de dire qu’il est compliqué de gagner à Castres. Et ce n’est pas les 40 ans de disette qui séparèrent le drop victorieux de Jean-Pierre Romeu en 1976 de l’essai de Bock James en 2016 qui feront penser le contraire. Certes, les Clermontois ont depuis brisé, à nouveau, leur signe indien en 2020 (lors de leur dernière venue, victoire 14 à 40 quelques semaines avant la nomination de Pierre Henry Broncan à la tête du CO) mais depuis plus personne n’est parvenu à s’imposer sur la pelouse de Pierre-Fabre qui reste à l’aube de cette vingt-troisième journée de championnat la dernière pelouse du championnat restée inviolée. Les Tarnais qui pointent à 5 points devant les Clermontois, tâcheront de garder cette invincibilité jusqu’au terme du championnat (réceptions de Clermont et Perpignan) assurant ainsi une place dans les six qu’ils n’ont jamais quittée cette saison. Seuls les Bordelais ont failli réaliser l’exploit dès la 3ème journée de championnat en poussant les Castrais dans leurs derniers retranchements vers un match nul sauvé par la botte d’Urdapileta. Pau, Brive, La Rochelle, Lyon et Toulouse ont aussi pris le point du bonus mais personne n’est arrivé à sortir victorieux d’un stade ragaillardi par le retour d’un public toujours aussi fidèle au pied du Sidobre. 

 

Récents vainqueurs du Stade Toulousain à Pierre-Fabre, le CO a une nouvelle fois marqué son territoire allant jusqu’à sortir les hommes d’Ugo Mola du bonus défensif à la dernière minute au prix d’une détermination qui fait la force de cette équipe. Difficile à manœuvrer, les Castrais possèdent l’une des meilleures défenses du Top 14 à domicile (seulement 13 essais encaissés, 2ème du classement derrière Brive (10)) la marque de fabrique d’un groupe où des joueurs comme Thomas Staniforth (meilleur plaqueur du championnat avec 230 plaquages réussis !) ou Nick Champion de Crespigny, inconnus au bataillon l’an dernier ont complètement explosé cette saison. Pour les encadrer les expérimentés Benjamin Urdapilleta (145 points cette saison), Mathieu Babillot, Thomas Combezou, Julien Dumora, Geoffrey Pallis ou l’ancien clermontois Loïc Jacquet sont toujours là. Un groupe complètement orienté vers le Top 14 et le printemps où ils aiment à s’inviter dans le dernier carré pour jouer les empêcheurs de tourner en rond comme en 2013 et 2018 (dates de leurs deux derniers Brennus). Comme toujours, c’est sans faire de bruit que les Castrais avancent dans ce championnat mais personne n’est dupe et il n’y a qu’à regarder la composition de leur huitième de finale de Challenge Cup (perdu vendredi dernier 64 à 27 sur la pelouse des London Irish) pour voir les priorités castraises. Sur les 23 joueurs victorieux du Stade Toulousain, 18 étaient restés dans le Tarn (2 seulement ont débuté la rencontre à Londres). 

 

Au repos la semaine dernière et peu mobilisés par la Challenge Cup, les Tarnais ont depuis 15 jours la réception des Jaune et Bleu dans un coin de la tête. C’est un très gros défi que les hommes de Jono Gibbes auront à relever.