Enfant du club et homme de confiance de Jono Gibbes, Xavier Sadourny est en charge de l’animation offensive et du jeu des trois-quarts clermontois. Frustré de ce voyage à Toulouse d’où son équipe est revenue à vide, il se veut confiant sur la progression du groupe avant de recevoir une équipe du Racing redoutable. Entretien…

 

Xavier, quel est le sentiment après cette défaite à Toulouse ?
Forcément c’est mitigé car nous revenons sans point mais il y a aussi de la progression sur la prise d’initiative et la volonté de produire. C’est malgré tout frustrant d’avoir manqué de réalisme dans nos temps forts où nous n’avons pas suffisamment concrétisé notre domination. Cela s’est retourné contre nous.

 

On a l’impression de dépenser beaucoup d’énergie pour peu scorer pendant que Toulouse inscrit des points probablement trop facilement…
Oui, c’est leur grande force : être capables de punir leurs adversaires à la moindre opportunité. Depuis le début de la saison, ils sont très réalistes, cela doit nous inspirer. Nous avons trois occasions très franches, si nous sommes capables d’en mettre une ou deux au fond ce n’est plus le même match, la confiance change de camp, les adversaires sont obligés de s’exposer … maintenant il faut parvenir à enlever ces « si » de notre réflexion. Nous sommes restés à portée de tir des Toulousains et de leurs individualités, notamment la charnière. Ils ont saisi la moindre occasion pour faire basculer le match en leur faveur.

 

Est-on tenté, après le match fermé face à la Rochelle et celui ouvert face à Toulouse de réduire la voilure en laissant davantage le ballon à l’adversaire et en attendant que notre jeu soit plus huilé ?
Non parce que nous croyons en ce que nous produisons et que cela se joue à rien. Marvin, Camille ou Peni échouent tout près. Nous avons eu les occasions, il faut désormais trouver les moyens de basculer pour franchir la ligne. Même face à la Rochelle et malgré les conditions nous avons produit de bonnes séquences, notamment sur l’essai de Tani qui est le résultat d’un beau mouvement collectif. L’orientation offensive fait aussi partie de l’identité, de l’ADN de notre club et il n’est pas question de se résoudre à jouer contre-nature. Ce qui est en revanche intéressant, et que nous n’avons pas toujours été capables de faire lors de dernières saisons, c’est que nous avons su nous adapter aux conditions face à la Rochelle en produisant avec succès une forme de jeu plus restrictive. Je ne pense pas que nous ayons perdu face à Toulouse parce que nous avons trop joué mais parce que nous avons manqué d’efficacité près de la ligne.

 

Aujourd’hui Clermont pointe à la treizième place du classement, même si ce n’est qu’une photographie instantanée, est-ce préoccupant ?
Non car ce n’est que le début de la saison, nous avons joué 4 matches avec un calendrier difficile. La seule vraie contre-performance est notre défaite à domicile face à Castres. A part Toulouse qui est invaincu et domine le Top 14, c’est encore et logiquement très compact. Maintenant, si ce constat est toujours d’actualité à la 10ème journée ça deviendra inquiétant. Au-delà du classement, le contenu de nos deux derniers matches s’inscrit sur le chemin que nous voulons suivre. Il faut désormais des résultats pour valider cela et engranger de la confiance.

 

Est-ce tout de même une pression supplémentaire pour une équipe qui est plus habituée à regarder en haut ?
Honnêtement nous n’avons pas fait de focus sur le classement, mais il est évident que dans le sport, enchainer les victoires est le meilleur moyen de travailler en confiance. Les victoires attirent la sérénité et la défaite obligent parfois à travailler dans l’urgence. Nous essayons d’avoir le recul nécessaire pour avoir l’analyse la plus objective possible sur ce que nous sommes capables de produire et aussi sur les erreurs que nous devons gommer.

 

Jono disait après le match face à Toulouse qu’il voyait chaque semaine de petits détails s’améliorer. Est-ce un signe que l’équipe est toujours en construction ?
Oui et je pense que nous le serons encore un petit moment. La saison est longue et personne ne peut dire, aujourd’hui, qu’il évolue à son meilleur niveau. Il est évident qu’entre notre premier match à Lyon et celui face à Toulouse, il y a une progression. L’effectif s’est densifié, les blessés reviennent dans le groupe ce qui amène de la qualité dans les oppositions. Les déchets laissent petit à petit place à la précision et la vitesse, c’est mieux dans l’exécution même si ce n’est pas encore parfait. Les joueurs sont en train de s’approprier le projet de jeu, nous avançons dans le bon sens.

 

Le Racing : c’est une nouvelle forte opposition qui se présente au Michelin, comment l’aborder ?
En se focalisant sur nous-mêmes. Nous avons beaucoup analysé notre performance à Toulouse afin d’en extraire des axes de travail. Le Racing se présente avec de nombreuses certitudes et probablement l’une des meilleures lignes de trois-quarts du championnat qui nous avait fait beaucoup de mal l’an dernier à la Paris Défense Arena. C’est un beau défi à relever devant notre public. Nous savons que le championnat ne laisse que peu de place aux approximations, il faudra être capables de les gommer de notre prestation pour aller chercher des points importants. Nous redoutons forcément cette équipe du Racing comme nous redoutions celle de la Rochelle. C’est peut-être une bonne rencontre pour réaliser une grosse prestation, continuer notre progression, regonfler notre confiance et aborder les prochaines journées avec des ambitions.