Riche d’une carrière multiple et passé par les plus prestigieux championnats mondiaux et européens, Johnny Claxton sera le nouvel homme fort de la préparation physique des Auvergnats. Arrivé en Europe par l’intermédiaire de Joe Schmidt avec qui il a travaillé chez les Blues d’Auckland et au Leinster, c’est dans un français presque parfait qu’il nous raconte son parcours et ses ambitions pour le club. 

 

Pour Johnny, l’amour du sport est bien évidemment passé par le rugby comme tout bon natif du pays au long nuage blanc, biberonné à la balle ovale.  Déterminé à l’idée de faire carrière dans le sport, il saisit l’opportunité de poursuivre ses études à travers la préparation physique. La machine est amorcée, elle fera ses armes avec l‘équipe de rugby à 7 des Samoa, puis Northland (NPC) avant de rejoindre Auckland et le Super Rugby avec les Blues. Johnny interviendra également avec les All Blacks Sevens. Un sacré CV et une vision déjà bien aboutie du rugby en Nouvelle Zélande, alors, lorsque Joe Schmidt qu’il a côtoyé chez les Blues lui propose de le rejoindre à Dublin, il n’hésite pas longtemps. « Au-delà de l’opportunité que cela représentait, j’avais envie de découvrir une autre forme de pratique du rugby professionnel. En Nouvelle-Zélande, la saison est morcelée et ce ne sont pas les mêmes joueurs qui font la saison (courte) de Super Rugby et de club. Leur gestion est différente, j’avais envie de découvrir une autre forme de préparation sur des joueurs à disposition durant 10-11 mois de l’année. » Johnny pose donc ses valises à Dublin où le Leinster règne sur l’Europe avec un entraineur des avants nommé Jono Gibbes. « Je ne le connaissais pas avant mon arrivée en Irlande mais nous avons passé deux saisons ensemble avant qu’il ne parte à Clermont. » Coïncidence, c’est le frère de Jono, Chris, qu’il rejoint aux Ospreys après son expérience en Irlande. « Le coût de la vie à Dublin et l’impossibilité pour ma femme de travailler nous ont poussés à ce changement afin de trouver un meilleur équilibre familial. » Un ricoché plus tard, pendant un séjour prolongé en Isère en raison d’un terrain gelé et une discussion avec Aaron Dundon (entraineur de la mêlée du FCG), une opportunité se présente pour travailler en France. « Je sais ce que le rugby représente dans ce pays et je souhaitais depuis longtemps y vivre une expérience. »Malgré quelques tumultes (dont la séparation de Bernard Jackman, qui l’avait fait venir, et la descente en Pro D2), Johnny ne garde que de bons souvenirs de son passage aux pieds des Alpes « avec en apothéose la remontée en Top 14 face à Oyonnax ». C’est alors que Jono fait appel à lui pour prendre en charge la préparation physique et apporter de la cohésion au sein des différents staffs rochelais. « Travailler avec une équipe en pleine progression et portée par l’ambition fut très enrichissante, j’ai développé de nombreuses compétences et évolué avec elle. Mon rôle était assez différent puisque la situation a imposé des changements et beaucoup de travail administratif et d’organisation. A Clermont, je vais pouvoir me recentrer sur la préparation physique avec l’objectif d’amener les joueurs vers leur meilleur potentiel. »

 

« Je ne suis pas un expert de tout, mais j’aime me nourrir de la complémentarité de tous pour que notre ensemble soit plus fort. » 

 

Avec son riche parcours et ses compétences, Johnny aura pour objectif d’apporter un nouveau regard sur ce secteur primordial dans la performance des sportifs de haut-niveau. « Ma philosophie de travail consiste à déléguer et partager afin de pouvoir obtenir un engagement plus fort de ceux qui m’entourent. Je suis responsable et parfois je dois prendre des décisions mais je sais que meilleure est la cohésion, meilleure devient la performance. Rien n’est au-dessus de l’équipe. Je ne suis pas un expert de tout, mais j’aime me nourrir de la complémentarité de tous pour que notre ensemble soit plus fort. J’essaye de comprendre la compétence de chacun afin de pouvoir l’utiliser ensemble. Je pense que dans le haut niveau de la préparation physique tout le monde fait à peu près la même chose… il n’y a pas de magie ! Ce qui est important est d’être capable de bien faire fonctionner tout le monde ensemble autour de valeurs fortes que sont les convictions, la rigueur et la discipline, le tout avec un maximum de clarté. »

 

Après une saison interminable de 13 mois, Johnny aura la charge d’organiser cette reprise avec dans le viseur les premières journées de championnat prévues début septembre. « Je pense que la coupure de 5-6 semaines dont les joueurs ont bénéficié était nécessaire. Pour la condition physique, c’est la limite mais la perte musculaire ou cardio est rapidement rattrapable. Nous avons 5 semaines pour démarrer la saison, mais il faut regarder plus loin que cela car le programme offrira une succession de 10 rencontres consécutives. L’idée n’est pas d’arriver à bloc pour le premier match et de tenir… » Le préparateur physique clermontois envisage plutôt une gestion de la « phase critique » sur ces premières semaines avant d’arriver dans une phase de progression qui englobera ce premier bloc. Optimiste et expérimenté, il sait aussi que cette période est naturellement boostée par les joueurs qui souhaitent s’exposer et montrer rapidement leur détermination. « Ces périodes de reprise sont toujours des fenêtres d’expression pour les joueurs qui veulent se faire une place. Ils savent que ces semaines sont une succession de tests et une grosse compétition pour les places à prendre surtout lorsqu’il y a du mouvement dans les staffs. » Impatient aussi de découvrir la Yellow Army, dont il sait le rôle cohésif et culturel chez les « jaune et bleu », Johnny n’hésitera pas à proposer des sorties du Michelin pour aller à la rencontre du territoire. « Comme je l’ai dit, je sais que le physique est très important mais la cohésion du groupe et la manière de jouer en équipe le sont encore plus. » Nul doute que Jono Gibbes et Johnny chercheront à travers ces cinq semaines à développer de nouvelles connexions et faire éclore de nouveaux potentiels chez les « jaune et bleu ».