Le match aller fut le premier de la saison à se dérouler sans public. La chaude ambiance du « Stadium » se résumait alors aux cris isolés des « hors 23 » jubilant à chaque plaquage appuyé. Le malheur est que ce qui nous paraissait improbable il y a 6 mois s’est installé comme une normalité. Pour ce match retour, il n’y aura pas plus de monde au Michelin qu’il y en avait en Corrèze, un derby dépeuplé où chacun ira chercher la motivation dans son classement, son histoire où l’envie de donner du plaisir à ses supporters de l’autre côté de leur écran de TV où cette vieille rivalité occupera le samedi après-midi…quand même. 

 

L’épidémie qui a perturbé tant de choses dans chacun de nos quotidiens ne sera pas venue à bout de cette notion de Derby. Et même si le huis-clos, le rajeunissement des générations ou encore la suppression progressive des brutalités, tend à nuancer cet évènement, Franck Azéma entretient la notion et véhicule la tendance. « Les derbys font partie de l’Histoire du club, de notre héritage et de la transmission que nous devons faire vivre. » C’est aussi un levier de motivation tout trouvé après la frustration générée par l’élimination en Coupe d’Europe de la semaine dernière, un moyen de basculer d’une compétition à l’autre tout en allant chercher un supplément d’âme tout droit venu d’une Yellow Army qui sait que cette rencontre face aux Corréziens ne sera jamais vraiment comme les autres. « On se doit de porter encore plus de responsabilités lors de cette rencontre, poursuit le coach auvergnat. Nous avons forcément envie de revoir nos supporters et de partager de bons moments avec eux … en attendant il ne faut pas les décevoir et garder en tête l’idée de leur transmettre du plaisir. » Et quoi de mieux qu’une victoire face à nos voisins brivistes pour les rendre heureux … 

 

Arthur Iturria « Le rugby : c‘est une communion avant tout ! » 

 

Le vide qui s’est progressivement installé dans les stades a fini par créer une sorte de normalité comme l’explique Arthur Iturria qui a fait son retour à la compétition la semaine dernière et devrait porter le brassard de capitaine, samedi face aux Corréziens. « C’est triste d’en arriver là », soupire-t-il, « le rugby est avant tout une communion qui s’est perdue cette saison. Ce sport doit vivre autrement. Nous jouons forcément pour nous, pour l’équipe mais aussi et surtout pour nos supporters et la ferveur des stades. Nous avons tous hâte que la situation évolue. » Cette semaine de « derby » sera ainsi une manière de ressasser tout cela et d’aller en extraire un investissement supplémentaire face à des Corréziens « qui seront revanchards » comme l’explique Wesley Fofana. « Ils vont se souvenir du match aller. Peu d’équipes sont allées s’imposer là-bas (NDLR : 3 depuis le début de la saison seulement). C’est une équipe qui a beaucoup de talents et produit un gros volume de jeu avec des « facteurs X » capables de faire de grosses différences. » « Ils vont bénéficier de 3 semaines de préparation, poursuit Franck Azéma, et sont désormais libérés de la menace de la descente. Ils ont même l’opportunité d’aller chercher la qualification. C’est une équipe qui a beaucoup évolué avec désormais beaucoup d’équilibre dans ses formes de jeu avec de gros porteurs de balle. » Une description qui incite à la prudence et à une préparation soignée bien que réduite à 3 jours dans cette semaine raccourcie. Les Clermontois comme les Brivistes vont donc se servir de ce levier « Derby » pour se relancer à corps perdus dans ce Top 14 comme l’affirme Wesley Fofana. « Tout n’est pas à jeter de notre match face à Toulouse. Il y a la frustration d’avoir été trop indisciplinés mais aussi de bonnes choses à tirer de notre défense et de notre engagement de la première à la dernière minute. Nous devons avancer et tout de suite basculer sur la fin de championnat, notre marge n’est pas épaisse et nous n’avons pas cinquante questions à nous poser, nous devons gagner et aborder les 6 matches restants de la même façon. » « Nous allons avoir 3 blocs de 2 matches pour s’envoyer sans la moindre retenue », poursuit Arthur Iturria impatient à l’idée de retrouver la compétition et enchainer. « 6 matches avant le classement final, il n’est plus question de faire du turnover pour faire du turnover », affirme le coach des « jaune et bleu ». « Nous avons désormais besoin de mettre de la concurrence pour cette fin de saison » Le derby sera ainsi une première opportunité pour « s’imposer » dans tous les sens du terme…