L’ancien troisième ligne centre samoan, champion d’Europe avec Northampton en 2000, est arrivé en 2017 dans le sud-ouest de l’Angleterre après un passage réussi dans la province irlandaise du Connacht. Depuis les « Ours » de Bristol ont rejoint la première division anglaise et ne cessent de progresser. De retour en Champions Cup, 12 saisons après leur dernière apparition, les griffes sont désormais acérées et prêtes à griffer…  

 

L’histoire récente des Bristol Bears est étroitement liée à la réussite de son président, Chris Booy. Un homme d’affaires brillant qui a fait fortune dans un entreprise de conseil en construction devenue l’une des plus prospères du Royaume-Uni (revendue depuis). Amoureux de Bristol, il a décidé de lui consacrer son temps et une partie de son argent en développant le sport dans sa ville. La rénovation du Ashton Gate, l’un des stades anglais les plus aboutis et modernes, terminée en 2016, lance Bristol dans une nouvelle dimension. Le club de Football est alors en troisième division, le Rugby dans l’antichambre de l’élite, aucune lumière ne semble vouloir éclairer la sixième ville d’Angleterre autrefois l’une des plus florissantes grâce à son activité portuaire tournée vers l’Irlande et l’Atlantique. Le président de Bristol lance, alors, une véritable révolution en débaptisant les « Shoguns » et en les sortant de leur torpeur afin de faire naitre les « Bears » (Ours). Plus que le nom, ou une nouvelle identité plantigrade, c’est tout le club qui est transformé avec l’utilisation commerciale de ce stade comme une source de revenus et l’arrivée de nouvelles ambitions sportives censées lui donner vie tout en ramenant de la lumière sur cette ville de l’ouest. Pour y parvenir, Chris Booy choisit de débaucher Pat Lam de la province du Connacht que le samoan était parvenu à sortir de l’anonymat (en remportant la Ligue Celte et en retrouvant la Champions Cup) dans une Irlande où les trois autres provinces (Leinster, Munster et Ulster) jouissent d’une bien meilleure popularité. 

 

Dès son arrivée, le coach s’entoure de quelques stars (l’Irlandais Madigan, l’Australien Morahan ou le All-black Luatua) qui permettent au club d’accéder en première division en quelques mois. Le recrutement s’intensifie avec les Ulstermen et All-Blacks Piutau (17 sél) et Afoa (36 sél) ou les internationaux anglais Nathan Hugues et Dave Attwood. La greffe prend et les résultats arrivent, Bristol s’affirme comme l’un des gros bras du championnat anglais (demi-finaliste la saison dernière) et remporte la Challenge Cup (face à Toulon en octobre dernier). De nouvelles arrivées confirment les ambitions des Bears avec notamment la superstar fidjienne Semi Radradra que Bordeaux n’avait pu retenir mais aussi d’autres recrues ciblées (comme les internationaux anglais Sinkler, Earl et Malins) donnant une sacrée consistance à cette formation redoutable. Une armada prête à jouer la grande Coupe d’Europe (après avoir remporté le Challenge) avec ambition comme l’affirme le directeur sportif de Bristol, Pat Lam. « Nous sommes très impatients de retrouver cette Champions Cup. C’est dans notre vision d’être une équipe qui, de saison en saison et le plus régulièrement possible, fait partie de cette grande Coupe d’Europe. Mais je ne veux pas que nous soyons une équipe qui est simplement heureuse d’y être engagée. Je veux que nous nous battions pour conquérir ce titre. Presque tous ceux qui ont gagné la Challenge Cup sont encore là et savent le travail que cela représente d’aller chercher des titres. Tous savent aussi que le niveau de la Champions Cup est bien supérieur mais que ce sont ces matchs-là qui permettent de grandir et de construire l’histoire du club. » Respectueux du parcours de Clermont dans cette compétition, Pat Lam considère cette première confrontation comme un véritable révélateur du niveau de son équipe. « Les Clermontois ont atteint la finale de la compétition à plusieurs reprises et nous savons que leur plus grand rêve est de la remporter. Ils ont de nombreux joueurs de classe mondiale dans leur effectif dont certains que je connais bien pour les avoir entrainés avec les Barbarians. Les affronter, lors de cette première journée de compétition, sera un bon indicateur pour se jauger. Nous saurons où nous en sommes et le chemin que nous avons parcouru en tant que club. » Un discours résolument ambitieux à l’image d’une équipe qui l’est tout autant. 

 

Depuis la sortie de terre de son stade, Chris Booy semble réussir son pari en ramenant de la lumière sur sa ville et son club de Rugby… le Foot n’est pas bien loin puisque le Bristol City FC (qui joue également à Ashton Gate) a, lui aussi, gagné une division et pointe à la sixième place du classement de deuxième division anglaise à 4 points seulement du leader Norwich City. En quelques années, de nombreux projecteurs ont retrouvé le chemin de Bristol, et ce n’est probablement que le début…