Avec près de 33 points inscrits en moyenne par match depuis le début de la saison, les Clermontois possèdent la meilleure attaque du championnat. Au fil des semaines, le système mis en place par le staff s’est rodé et tourne désormais à un rythme soutenu grâce à l’adhésion de tout son groupe. Les Auvergnats prennent du plaisir sur le terrain et se font un devoir d’en transmettre à leurs supporters comme le directeur sportif des « jaune et bleu » le rappelle. Avant de recevoir une équipe montpelliéraine probablement revancharde et habituée aux coups d’éclat sur la pelouse du Michelin, Franck Azéma nous livre ses impressions. Interview. 

 

Franck, tu parlais depuis le début de saisons d’une équipe et construction, comment l’as-tu vue évoluer ces dernières semaines ?
Je vois surtout un très bon état d’esprit de l’ensemble du groupe avec beaucoup d’investissement en semaine de ceux qui sont sur le terrain le week-end mais aussi ceux qui sont hors 23. C’est ce qui fait notre force en ce moment. Les garçons vivent bien ensemble et prennent du plaisir. On entend tout le temps dire que « le groupe vit bien », c’est une vérité cette saison. Il y a de la sincérité dans le collectif et c’est intéressant pour avancer ensemble. Nous avons des axes de progression ciblés dans cette construction, nous travaillons tous à cela : joueurs et staffs.

 

C’est exactement cela, on a l’impression que l’équipe travaille et progresse chaque semaine en gommant les erreurs ou les choses qui ne fonctionnent pas bien sur le match précédent…
Oui, car il y a cette envie de se dire que nous ne sommes pas encore arrivés. Comme je le disais, il y a de la sincérité partout et l’envie aussi de se remettre en question. Les joueurs entre eux et le staff également. Tous les lundis, les retours sont le plus honnêtes possibles, on ne se dit pas : « ça ça marche bien on s’appuie là-dessus », mais on cherche plutôt à gratter là où n’avons pas été au niveau de nos exigences. On se demande ensuite comment y parvenir, qu’est-ce qu’on va vraiment cibler, puis on met en place les exercices, les skills ou les ateliers pour y parvenir et progresser dès la semaine suivant sur le terrain. Ça c’est la théorie, il faut ensuite que l’ensemble du groupe adhère et mette l’envie et l’implication nécessaires pour aller chercher encore davantage chaque semaine. Voilà comment le groupe se construit. 

 

Comment vois-tu le potentiel de ton équipe et quelle est encore sa marge de progression ?  

Je pense que la marge de progression est encore importante car ce groupe est riche, il a de la profondeur et pas mal de jeunes joueurs qui s’affirment depuis quelques mois. Nous avons aussi quelques joueurs blessés qui vont bientôt revenir sur le terrain. C’est cette émulation, cette concurrence qui fait que tout le monde a envie de porter ce maillot et de le mouiller chaque semaine. En ce moment où nous souffrons de ne pas avoir de public, rien ne nous fait autant plaisir que de recevoir des messages ou d’en lire sur internet et les réseaux sociaux disant « on s’est régalé en vous voyant jouer ». Au-delà de la victoire, on prend aussi pas mal de plaisir dans ce que l’on arrive à transmettre à ceux qui nous soutiennent. Nous avons vraiment le sentiment, dans cette période compliquée, d’être des privilégiés de pouvoir nous exprimer, vivre de notre passion et aussi quelque part de jouer ce rôle-là auprès de nos supporters qui sont nombreux à ne pas avoir la même chance que nous. Cela n’empêche que nous attendons tous le moment où nous aurons le bonheur de les retrouver au Michelin. 

 

« Nous avons la chance et l’opportunité de nous exprimer, de faire du spectacle et aussi, quelque part, de rendre nos supporters fiers : c’est un privilège et nous devons continuer d’être conscients de cela. » 

 

On t’a entendu dire que vous preniez cette transmission et cette responsabilité à défendre nos couleurs comme une vraie mission envers vos supporters…
Et ce ne sont pas que des mots, sinon cela ne servirait à rien. C’est aussi ce que ressentent et vivent les joueurs. Honnêtement, j’ai croisé une dame, près de chez moi, elle m’a reconnu et m’a dit « Merci de ce que l’équipe fait. Avec notre mari, nous sommes abonnés et nous n’avons rien demandé au club. Nous sommes heureux de voir que vous vous démenez et que vous représentez fièrement nos couleurs ».  Ce sont de belles récompenses. Pour ces gens-là qui font des sacrifices, nous devons nous donner pleinement sur le terrain. Nous avons la chance et l’opportunité de nous exprimer, de faire du spectacle et aussi, quelque part, de rendre nos supporters fiers : c’est un privilège et nous devons continuer d’être conscients de cela. Nous n’avons pas besoin de nous le dire tous les matins, mais je sais que tous sont sensibles à cela et reçoivent aussi de nombreux messages en ce sens de gens qui ont de la frustration de ne pas pouvoir être là à nos côtés au Michelin mais qui trouvent un peu de réconfort et de plaisir en nous voyant évoluer. Dans cette période inédite et compliquée, il est important d’en avoir conscience. 

 

Vous allez recevoir, vendredi, une équipe de Montpellier probablement revancharde après sa défaite dans les dernières minutes face à Bordeaux, qui aura besoin d’aller récupérer des points.
On sait que c’est une équipe qui possède une grande profondeur avec de la qualité à chaque poste, des internationaux partout. Il ne faut pas se leurrer, cette équipe n’est pas à sa place, ils ont d’abord  trois matches en retard et deux défaites à domicile qui se sont dessinées en toute fin de match. Si on remet tout cela dans l’ordre, ils sont largement dans les six premiers et c’est bien face à une équipe de ce calibre que nous nous préparons à jouer. Nous n’allons pas nous tromper, nous savons toute la férocité qu’ils sont capables de mettre et aussi la frustration qu’ils peuvent avoir après la semaine dernière. Ils vont venir ici avec l’envie de réaliser une grosse performance. A nous de bien préparer cette réception et d’être à la hauteur de l’opposition qui se présente. 

 

Depuis le début de l’épidémie, l’expression « match après match » prend encore plus de sens… Est-ce aussi un moyen d’éviter le piège du match d’avant Coupe d’Europe ? 
Honnêtement, nous n’en avons encore jamais parlé. La Champions Cup se présentera sous un nouveau format et il faut que nous soyons focalisés là-dessus le moment venu. Il n’est pas encore le temps d’y penser. L’épidémie met de l’incertitude sur chaque semaine. Nous ne savons jamais en début de semaine comment s’articulera le week-end, alors nous n’allons pas plus loin que le match d’après. Comme je l’ai dit, nous canalisons notre concentration et aussi notre plaisir sur le match de fin de semaine avec l’envie qu’il se déroule. Le reste nous l’envisageons à partir du lundi suivant…