C’est dans le centre de l’Afrique du Sud, dans la ville de Bloemfontein célèbre pour sa prestigieuse école de rugby que Jacobus a grandi et découvert notre sport. Presque 5 ans après son arrivée en Auvergne, son évolution est impressionnante. C’est dans un français quasi parfait qu’il revient sur ses premiers pas au centre de formation, sa façon de faire sa place dans le groupe pro et aussi l’avenir qu’il est en train de se construire. Entretien…

 

 

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C’est au cœur de l’Afrique du Sud que « Jaco » a grandi. Outre le passé historique de sa ville natale, longtemps capitale juridique du pays et bastion traditionnel des « Afrikaners », Bloemfontein raisonne pour tous les Rugbymen sud-africains comme une « usine à Springboks ». Avec une maman dentiste et un papa dans le secteur agroalimentaire spécialisé dans la viande, Jacobus a suivi le chemin de beaucoup de jeunes joueurs de la Région en rejoignant la prestigieuse école de la ville et en débutant le rugby à 6 ans. Bien loin de s’imaginer en « faire son métier » ou même porter les couleurs d’une province comme le fit le son grand-père Koos du Toit (qui joua durant de nombreuses saisons pour la province du Boland), il profita, durant ses premières années, d’une croissance rapide et d’un physique assez « hors normes » pour un garçon de son âge. De quoi prendre confiance et devenir l’un des meilleurs joueurs de son école vers ses 13 ans. Au moment où les jeunes sud-africains mettent les crampons (en Afrique du Sud le Rugby se pratique pieds-nus jusqu’à l’âge de 13 ans afin de réduire la vitesse et aussi les risques de blessures), Jaco voit ses coéquipiers rattraper leur retard de croissance et l’avance physique pris par une évolution physique précoce. Il descend ainsi de l’équipe première de sa catégorie d’âge à la troisième et finalement la quatrième équipe de l’école. Là où d’autres auraient pu douter et lâcher, Jaco décide de s’accrocher « à son rêve » et de travailler. L’abnégation paye et quelques années plus tard, le revoici dans l’équipe première après une progression plus mentale et technique que physique. « Lors de ma dernière année, j’ai pensé que ce rêve pourrait devenir une réalité. Nous avons disputé avec Bloemfontein le Craven Week (célèbre Tournoi des meilleures écoles sud-africaines qui permet aux sélectionneurs de voir à l’œuvre les joueurs les plus prometteurs du pays pour en extraire ceux choisis pour devenir des Baby-Boks) et j’ai été choisi dans le deuxième équipe. » Jaco est ainsi sur les tablettes des 50-60 meilleurs joueurs de sa génération et aussi sur celles de nombreux recruteurs … dont ceux de l’ASM Clermont Auvergne. 

 

L’appel de l’ASM, dans les pas de Flip !

 

« J’ai été vraiment très honoré d’être contacté par un club comme Clermont. Il y avait des joueurs extraordinaires, des internationaux dans toutes les lignes et aussi Flip (Van Der Merwe) qui avait suivi le même parcours après une carrière prestigieuse avec les Boks. » Jaco était, alors, loin d’imaginer en devenir un membre à part entière mais accepte le défi et quitte le pays pour arriver en Auvergne lors de la saison 2016-17. « Au début, ce n’était pas vraiment facile car peu de gens parlaient anglais au centre de formation. Je n’étais d’ailleurs pas vraiment à l’aise non plus en anglais car ma langue natale est l’Afrikaans. » Là encore, Jaco s’accroche et passe outre les difficultés pour continuer de tracer son chemin, rassuré et mis en confiance par les éducateurs clermontois qui développent cet énorme potentiel en l’intégrant rapidement dans la passerelle entre le centre de formation et le groupe pro. « C’est un des gros points forts de Clermont. Cette intégration avec les pros n’existe pas en Afrique du Sud. Je ne m’étais jamais entrainé avec les Cheetahs (province professionnelle de Bloemfontein) et là, après quelques mois à Clermont, me voilà au milieu du terrain d’entraînement avec autour de moi Sebastien Vahaamahina, Flip Van Der Merwe, Sita Timani, trois internationaux pour l’Afrique du Sud, la France ou l’Australie que des grands joueurs. Cela permet de progresser d’être au contact de garçons bien meilleurs que toi et aussi de voir le travail qui te reste à accomplir. » Au fil de ces aller-retours, la confiance s’installe, l’expérience se renforce et Jacobus progresse à vue d’œil au point de signer sa première feuille de match quelques jours après avoir fêté ses 20 ans. Une trentaine d’autres suivront. Opéré d’une épaule et contraint comme tout le monde à écourter la saison dernière, cela aurait dû être bien plus. Aucun doute pour Franck Azéma « cela arrivera… Jacobus est un super professionnel, un garçon toujours positif pour l’équipe qui travaille énormément et progresse constamment. » Jaco se dit lui « content de son évolution » mais refuse de se satisfaire de cela. « Je sais que je dois encore beaucoup progresser, apprendre beaucoup de choses, emmagasiner de l’expérience. J’essaye d’être le plus droit possible dans mon travail car j’ai été éduqué comme ça, dans ma famille mais aussi dans la formation rugbystique sud-africaine qui nous apprend à être comme cela ». Des valeurs qui le poussent « à donner le meilleur pour ceux qui l’entourent ». Là où d’autres joueurs de sa génération pensent à saisir la moindre opportunité pour se montrer et se faire remarquer, Jaco a l’intelligence de fonctionner de façon plus pérenne… « Ma volonté est de contribuer à faire avancer le groupe, de jouer où le coach pense que je peux apporter le plus et de remplir les tâches qui me sont attribuées. Mon objectif après quelques saisons au club est de poursuivre ma croissance, d’enchainer les matches. Dans un deuxième temps, je penserai à moi, mais pour l’instant je sais que c’est l’équipe qui me permet de progresser et de m’épanouir. » Une preuve de maturité pour ce garçon dont chacune des sorties renforce la certitude des dirigeants clermontois qui sont allés le chercher en Afrique du Sud. En quatre ans, la France est devenu un vrai coup de cœur « J’aime les gens, la culture, la façon de vivre et la richesse du territoire. J’aimerais prendre le passeport français quand cela me sera possible. » Pour le choix d’un éventuel maillot, Jaco tape en touche avec beaucoup d’humilité « il est encore trop tôt pour y penser … » En revanche, il est déjà temps pour lui de penser à son avenir puisque le troisième ligne clermontois s’est déjà projeté sur son « après-rugby » en s’inscrivant à l’École Supérieure de Commerce de Clermont où il suit une formation Bac + 3 en management du sport. « La vie d’un sportif n’est pas très longue et il est important de préparer l’avenir. Même si je ne sais pas exactement quel sera l’après de ma vie sportive, il est important de commencer à s’ouvrir un maximum de portes. C’est ce que m’avais dit Flip Van Der Merwe lorsqu’il m’a conseillé de suivre cette voie et ce que je compte bien faire. » 

 

Suivre les pas de Flip dont la carrière sportive et la reconversion sont des exemples de réussite est effectivement un très bon choix. Jacobus a toutes les capacités et le talent pour y parvenir…