Après être passé de l’autre côté de la barrière en 2019, Thomas Domingo œuvre auprès de la mêlée béarnaise avec un certain succès comme le prouve la victoire inaugurale des Palois sur la pelouse montpelliéraine en ouverture du championnat après avoir poussé les Héraultais au supplice dans ce domaine. Il revient pour nous sur sa façon d’entrainer dans ce secteur si particulier ainsi que sur le début de saison de son équipe avant de se déplacer au Michelin, samedi dans le cadre de la sixième journée de Top14. 

 

Thomas, la Section ne ménage pas ses entraineurs et ses supporters en attendant les dernières minutes pour retourner des situations parfois mal-engagées…
C’est vrai et franchement, on s’en passerait bien. C’est assez difficile à expliquer. La première chose est que nous avons pris la mauvaise habitude de nous mettre sous pression en début de match en encaissant des points trop rapidement. Il faut travailler là-dessus en étant plus rigoureux dès les premières minutes de match. Cela dit, cela montre aussi la volonté de ce groupe à ne rien lâcher…   

C’est certain, la Section affiche une sacrée force de caractère, comme lors de la première journée où la mêlée est allée arracher une belle victoire sur la pelouse de Montpellier. 
C’était une victoire fondatrice, très importante pour débuter cette saison. Une victoire que les joueurs sont allés chercher avec une grosse volonté. S’il y a bien un secteur sur lequel nous n’avons rien à dire c’est bien l’état d’esprit et la générosité de ce groupe qui a été capable de retourner pas mal de situations en fin de match. L’an dernier, nous aurions probablement perdu ces matches face à Montpellier, le LOU et Bordeaux… Là, nous avons été capables de nous en sortir.

 

Ces situations ont-elles vocation à donner de la confiance au groupe qui semble complètement décomplexé depuis le début de la saison.
Oui forcément, mais nous n’oublions pas que tout cela est fragile. La confiance est une donnée qui peut venir ou partir assez rapidement. Il ne faut pas se reposer dessus mais faire en sorte de l’entretenir. Nous restons vigilants même s’il est évident que cela rend les choses plus faciles pour travailler tous les jours à l’entraînement. 

 

La Section est également l’un des rares clubs du championnat à avoir pu enchainer les 5 premières rencontres de championnat (sans pause Covid), cela permet de créer une dynamique parfois coupée pour d’autres clubs.
C’est certain, nous avons eu la chance de ne pas être touchés pour l’instant. En début de saison, il est toujours intéressant de pouvoir enchainer pour gagner du temps sur les automatismes, ou la prise de repères en commun. Nous essayons d’être particulièrement vigilants, au club comme dans la ville, en limitant au maximum nos contacts et les risques d’attraper le virus. Indépendamment, nous voyons bien que la situation se dégrade aussi dans l’agglomération paloise, comme partout.  

 

La dernière venue des Palois en Auvergne reste un bon souvenir, penses-tu que cette rencontre soit utilisée comme un levier de motivation du côté Palois ou Clermontois ?
Nous n’avons pas voulu trop en parler aux joueurs avant ce déplacement. Pour nous, ce ne sera pas un levier de motivation, nous ne voulons pas que les joueurs soient dans la facilité en se disant que l’on peut refaire le coup à Clermont. Au contraire, nous avons été plutôt focalisés sur le jeu de notre adversaire. 

 

Et justement, comment trouves-tu ce jeu de Clermont ?
(silence) Un peu différent de ce que nous avons l’habitude sur la conduite ou la manière dont ils amènent les choses, ou gèrent leur jeu. Pour revenir à la question précédente, je pense que les Clermontois auront, eux, tout intérêt à raviver les souvenirs de la saison dernière. C’est légitime. 

 

«  j’essaye surtout de mettre en place un système qui comble les manques que je pouvais ressentir en tant que joueur tout au long de ma carrière ». 

 

Cela fait maintenant plus d’un an que tu es responsable de la mêlée paloise, comment définirais-tu ton style d’entraineur et l’as-tu fait évoluer depuis ta prise de fonction ?  
J’apprends. Le club me laisse carte blanche dans le domaine de la mêlée. J’essaye d’être un entraineur proche de mes joueurs, dans le contact, mais à la fois strict, droit et exigeant. J’aime dire les choses et lorsque nous sommes dans une séance de travail, je veux que l’on soit sérieux et que ça bosse. J’ai forcément pas mal évolué depuis ma prise de fonction, c’est un métier nouveau pour moi et je n’aime pas avoir des idées trop arrêtées.  

 

T’es-tu inspiré de certains entraineurs que tu aurais pu croiser durant ta carrière ?
Pas spécialement, je ne veux pas simplement reproduire ce que j’ai vu, j’essaye d’apporter des choses différentes. J’ai beaucoup échangé avec Williams Servat car nous avons une affinité particulière depuis longtemps. En discutant, nous avons constaté que nos méthodes se retrouvaient sur de nombreux points. Je travaille, bien sûr, les fondamentaux et la technique de la mêlée mais j’essaye surtout de mettre en place un système qui comble les manques que je pouvais ressentir en tant que joueur tout au long de ma carrière. Ma méthode repose autour de la communication avec les joueurs. 

 

Tu n’étais pas le joueur le plus stressé avant les rencontres, est-ce plus difficile maintenant que tu es entraineur ?  
Au début, j’étais un peu stressé. Je pense que cela venait du fait que je découvrais l’autre côté du terrain et la sensation de ne pas pouvoir contrôler grand-chose durant 80 minutes. Maintenant, je pense que le naturel est revenu, je suis beaucoup plus détendu en avant match (Rires). Cela provient également de la confiance que je peux avoir dans les choses que je transmets à mes joueurs. 

 

Tu vas retrouver Benson qui prend désormais en charge la défense des Clermontois, il connait parfaitement la maison paloise, est-ce une difficulté supplémentaire pour la Section. 
Oui, Benson a beaucoup de vécu à Pau, où il a passé plusieurs saisons. C’est encore tout frais, il a dû analyser assez facilement les joueurs et aussi leurs attitudes. Cela fait gagner du temps et rend ses analyses plus précises et efficaces. 

 

Un dernier mot sur le Michelin que tu vas retrouver dans des conditions particulières…
Franchement cela fait bizarre. J’ai regardé les derniers matches, (je continue de regarder les copains), et voir ce stade, où j’ai connu des ambiances incroyables, si calme, c’est bien triste…