Comme la bicyclette, le Rugby à XV ne semble pas s’oublier, c’est en tout cas ce qu’a démontré Jean-Pascal Barraque, le capitaine de l’équipe de France de Rugby à 7, en sortant une prestation de haut-niveau pour ses retrouvailles avec le TOP 14, 3 ans après sa dernière apparition. Auteur d’un essai et d’un match plein, il revient sur la rencontre face à Agen avant de se projeter sur le prochain déplacement des « jaune et bleu » à Bordeaux où il sera question de tester le caractère du groupe, face à des Bordealais probablement revanchards. Interview …

 

Après 3 ans sans jouer à XV on voit que tu n’as pas perdu tes (bonnes) habitudes …
Franchement, j’étais un peu stressé avant le match. Cela faisait un petit moment que je n’avais pas joué un match officiel, le dernier Tournoi à 7 remonte quand même au mois de mars. Il faut dire que les coéquipiers m’ont bien aidé en me mettant dans les meilleures conditions…ensuite quand le match démarre tout cela s’envole et il ne reste qu’à se mettre au service du collectif. 

 

Les repères à XV sont-ils rapidement revenus ?
Oui, car je n’ai jamais perdu le contact avec le XV. Je regardais les matches le week-end et puis, avant la Coupe du Monde, nous avons eu l’opportunité d’aider le XV de France pour faire des oppositions à Marcoussis. J’ai toujours eu un pied et les yeux tournés vers le XV, cela qui m’a permis de rapidement retrouver quelques automatismes.

 

Tu disais, la semaine dernière, qu’il est plus facile de passer du 7 au XV que l’inverse. Peux-tu nous expliquer cela ?

Le premier point concerne la préparation physique. Les joueurs à 7 travaillent pour avoir une grosse endurance et beaucoup d’explosivité, donc le passage à 15, n’est pas difficile. Il y a beaucoup plus de temps morts et de moment de récupération. L’effort à 7 est plus intense et plus violent physiquement. A XV, il nous manque par contre quelques kilos pour rivaliser dans la densité. Le retour à 7 est alors plus difficile car même si on perd facilement les kilos pris, il faut retrouver la capacité à répéter de longues courses sans perdre de vitesse. Les efforts ne sont pas les mêmes. À XV, la durée des matches est plus grande mais les courses sont moins longues et moins répétées. À 7, il faut pouvoir accélérer constamment et même si la durée des rencontres est moindre, il y a 6 matches dans le week-end. Dans un match de Seven, tu ne t’arrêtes jamais, tu dois être capable de couvrir tout le terrain si quelqu’un se rate en défense et sur l’action suivante, si tu franchis la défense depuis tes 22 mètres tu dois être capable de courir 80 mètres à fond pour marquer. Quand on revient du XV au 7, on est souvent très explosif et costaud sur les 20-30 premiers mètres mais on manque d’allonge pour les 50-60 qui suivent ! 

 

La différence se fait aussi sur la dimension stratégique…
Oui clairement. A XV, le rugby est beaucoup plus cadré. Il faut savoir où se placer, il y beaucoup plus de circulation de joueurs. Il faut bien écouter aux entrainements pour ne pas se retrouver dans le trafic à un moment où tu ne dois pas y être. Les partenaires m’ont beaucoup aidé et franchement cela s’est très bien passé grâce à une bonne communication et une envie collective de bien faire. 

 

Franck comptait sur votre enthousiasme et votre créativité pour enrichir le collectif, c’est un peu la signature du Rugby à 7 ….

Oui, nous ne sommes pas à Clermont pour nous poser trop de questions. Nous savons que nous ne sommes là que pour une partie de la saison avec la volonté de prendre tout ce qu’il y a à prendre, de profiter et jouer le plus possible. Nous n’étions plus en compétition depuis le mois de mars, cela fait du bien de retrouver un groupe et de partager notre quotidien avec des coéquipiers. Tout cela nous manquait. Tavite et moi adorons jouer, prendre du plaisir sur le terrain, nous avions simplement envie de le montrer lors de ce premier match ensemble. 

 

« La base de ce sport c’est l’envie. Cela se retrouve dans les rucks, les duels, les plaquages… partout, il faut avoir envie de dominer son adversaire. »

 

Clermont est une équipe qui aime tenir le ballon et produire du jeu. Ce n’était pas un point de chute au hasard ?
Non, bien sûr, le choix de Clermont a été une super opportunité. Nous nous serions peut-être moins retrouvés dans une équipe au jeu plus restrictif et peut être qu’au final nous servirions moins au collectif aussi. Franck avait probablement besoin de joueurs avec des profils comme les nôtres avec de la vitesse et de l’explosivité. Nous, nous avions envie de retrouver la compétition dans une équipe performante et prendre du plaisir. C’est du gagnant-gagnant, nous essayons d’apporter nos spécificités au collectif clermontois. 

 

Un mot sur Bordeaux qui sort d’une performance assez compliquée à Lyon…
Oui, c’est dommage car c’est une belle équipe. Je crois que leur préparation n’a pas été idéale. Leur dernier match de préparation n’a pas eu lieu, ils ont ensuite eu leur premier match annulé (face à Paris) et ont dû jouer lundi au lieu de samedi. Pas idéal, maintenant je ne me fais pas trop de soucis pour eux, ils ont un gros effectif pour rebondir et même s’ils ont été largement dominés notamment devant, hier soir à Lyon, ils auront des arguments à faire valoir dimanche prochain. On sait comment ça se passe, ils vont vouloir se retrouver dans l’engagement où ils se sont ratés, hier, et il faudra avant tout être capables de rivaliser dans ce domaine pour exister.

 

Vous avez également des choses à prouver après un premier déplacement à Bayonne où l’équipe n’a pas montré son meilleur visage.
C’est évident ! La base de ce sport c’est l’envie. Cela se retrouve dans les rucks, les duels, les plaquages… partout, il faut avoir envie de dominer son adversaire. Je sais que ce n’est pas révolutionnaire de dire cela mais c’est une réalité, il faut avant tout mettre de l’engagement pour pouvoir jouer les ballons et avancer dans le terrain. Bordeaux sera aussi dans cet état d’esprit. On ne doit pas se tromper, il ne faudra pas entrer sur la pelouse avec des grandes intentions sans avoir auparavant mis le combat nécessaire pour nous permettre de lancer le jeu proprement et d’assurer de la continuité. A nous de faire les choses dans l’ordre lors de ce deuxième déplacement de la saison. 

 

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