Lucide sur la performance de son équipe après la défaite face au Racing et les critiques qui ont suivi, le coach des « jaune et bleu » a remis tout le monde au travail cette semaine. Conscient que son groupe, largement remanié à l’intersaison est encore en construction, Franck Azéma sait que les deux mois à venir seront décisifs quant au potentiel et à la confiance de ses hommes. Entretien… 

 

Franck comment s’est passée la semaine. La déception de l’élimination en Coupe d’Europe a-elle été vite gommée ?
Je crois que nous l’avions tous encore en tête. C’est normal quand tu te donnes des objectifs élevés d’avoir de la frustration et de la colère quand tu ne les atteins pas. Nous nous sommes retrouvés, dès le lundi, pour évacuer cela, chercher ce que nous pouvions améliorer sur les prochaines semaines. Il faut également prendre ce match éliminatoire, en début de saison, avec ce nouveau groupe, comme un révélateur, une photo instantanée de notre niveau vis-à-vis de ce qu’il nous attend sur les matches de phases finales. Nous ne nous cachons pas les yeux, nous avons constaté que notre indiscipline nous coûte 24 points au pied, dont 6 sur mêlée, ce dont nous n’avions pas l’habitude… sans compter toutes les pénalités qui nous mettent sous pression dans notre camp et que nous aurions dû éviter. Nous marquons 4 essais, ils en marquent 2, ils perdent 12 ballons, nous en perdons 10 … la différence se fait sur notre indiscipline. Nous devons corriger cela rapidement, trouver plus de cohésion, plus de collectif, plus de confiance. Je sais que nous devons vite trouver des solutions, mais je sais aussi que ce groupe n’a que 2 ou 3 matches en commun. Nous devons avoir plus de certitudes. 

 

Les joueurs ont-ils conscience de ces manques ? 
Oui, le but de ce début de semaine était de tous se remettre en question et surtout travailler. Nous nous sommes vus tous les jours, il n’y a pas eu de congés, nous avons beaucoup bossé pour améliorer les points que nous avons identifiés pour être plus efficaces et bien maîtriser nos possessions de balle et la conservation. Il faut désormais avoir beaucoup de clarté : identifier les problèmes, les corriger et s’assurer que cela fonctionne mieux. 

 

« Peut-être que si nous étions sur des schémas plus restrictifs, cela serait plus simple… ce n’est pas ma manière de voir le rugby. »

 

La défaite a entrainé des critiques en provenance des médias et de certains supporters évoquant une fin de cycle, des remises en question au sein du staff ou dans le leadership des joueurs… Est-ce que cela te touche, te fait réagir ?

Je connais le métier, j’ai un « petit » peu d’expérience, je sais parfaitement que quand tu gagnes tu t’achètes du temps, quand tu perds : tu en consommes. C’est la règle, c’est comme ça ! Honnêtement ce qui est important pour nous est ce qui se dit à l’intérieur du groupe et le travail que nous fournissons tous : joueurs et staff. Tant que nous restons vrais et que nous sommes en phase avec nos convictions, nous continuons d’avancer. Les gens ont le droit de râler et d’exprimer leur mécontentement, là aussi c’est la règle et je ne vais pas dire que l’un d’entre-nous était satisfait après ce quart de finale. Quant au cycle… on est plutôt en début de cycle qu’en fin de cycle. La moyenne d’âge de l’équipe est de 25 ans, nous avons eu beaucoup de changements à l’intersaison et le joueur le plus âgé est Sitaleki Timani… franchement je ne peux pas dire qu’il manque d’activité sur le terrain ! Il a 34 ans, c’est le seul. Quand tu perds et que tu n’es pas bon, c’est normal que l’on te le dise, ça ne me dérange pas. Je n’adhère pas par contre à la stigmatisation de tel ou tel joueur, il faut travailler collectivement pour trouver nos automatismes et notre confiance afin de maîtriser la saison à venir. Nous sommes à la deuxième journée de TOP 14 et nous n’avons pas encore commencé la nouvelle saison européenne. Je ne tirerai pas encore de bilan définitif de la saison à ce stade-là en disant que ce groupe travaille mal ou est vieillissant. Ça ne veut pas dire que nous fermons les yeux sur ce que nous constatons mais qu’il faut du temps pour construire et accepter de passer par du déchet. Notre jeu propose de l’initiative et de la production sur le terrain. Peut-être que si nous étions sur des schémas plus restrictifs, cela serait plus simple… ce n’est pas ma manière de voir le rugby. Notre jeu demande de la cohésion et de la précision, nous y travaillons.  

 

Le leadership sur le terrain est également ciblé par les critiques…
Dans notre groupe de 50 joueurs, nous avons une bonne vingtaine de joueurs expérimentés niveau international. Les gars sont dans leurs responsabilités, ils prennent les devants et de la dimension depuis le début de la saison. Ce sont des garçons qui changent de statut et sont jeunes, comme Etienne Falgoux, Arthur Iturria, Judicaël Cancoriet, Sébastien Bézy et d’autres qui continuent de tirer les autres vers l’avant : Morgan Parra, Rabah Slimani, Camille Lopez, Fritz Lee, Alexandre Lapandry ou Wesley Fofana. Là aussi, les choses doivent se mettre en place et trouver le bon équilibre. 

 

Tu viens de le dire, les choses doivent se mettre en place, les mois d’octobre-novembre seront-ils décisifs dans la construction de ton groupe ?
Oui, évidemment. Nous préparons ce match contre Agen, sur 2 semaines. Bien sûr nous avons l’objectif d’être dans les 6 premiers à la fin de la saison, et pour cela nous devons nous fixer des objectifs à bien plus court terme en essayant de maîtriser ce que nous mettons en place à l’entrainement en essayant d’être plus efficaces dans la transposition. L’intensité est importante mais il faut aussi avoir l’exigence du qualitatif. Ce que nous travaillons à l’entrainement aujourd’hui, ne doit pas devenir efficace sur le terrain en novembre-décembre, ce sera trop tard ! C’est maintenant, chaque semaine, que nous devons constater les petits gains qui vont faire progresser nos contenus et nous amener vers les victoires.