Les joueurs et l’ensemble du staff se sont réunis dans l’espace Open du Michelin afin de répondre aux exigences sanitaires et à la distanciation sociale. Un moment solennel durant lequel la situation exceptionnelle du club a été expliquée aux différents acteurs et où Franck Azéma a pu aborder le plan de reprise ainsi que rendre un premier hommage à ceux qui quitteront le club dans les semaines à venir ou mettront un terme à leur carrière. Interview …

 

La fin de saison est désormais dans l’attente de la validation du comité directeur de la LNR. C’est la fin de l’épisode de ce confinement. Était-ce une fin inévitable ? 
Honnêtement, nous le sentions venir. En regardant les contraintes dans la vie de tous les jours, il n’était pas possible de voir le rugby passer entre les mailles et continuer d’espérer s’entrainer normalement ou envisager une reprise. Au fil des semaines, la décision s’est finalement imposée à nous. Longtemps nous avons gardé espoir, mais il faut se rendre à l’évidence. Cela est très particulier de voir finir des joueurs avec nous et d’autres terminer leur carrière sans avoir l’opportunité de porter une dernière fois le maillot de l’ASM. 

 

Vous avez tout de même souhaité réunir les joueurs une dernière fois en ce début de semaine. Quelle était l’ambiance et le sentiment général ?

Tout le monde avait eu le temps de prendre du recul avec les deux mois de confinement. Je pense qu’il était important d’avoir une explication claire et collective de la situation du moment et de l’état dans lequel se trouve le club et le rugby en général en mettant des chiffres sur les impacts de la crise sanitaire sur notre sport. Le club avait pris toutes les mesures sanitaires et de distanciation afin que cette réunion puisse se tenir dans de bonnes conditions en fournissant des masques, du gel, etc… Il était important d’échanger, d’entendre les enjeux et aussi de commencer à se projeter sur la prochaine saison. C’était aussi le moment de dire « au revoir » aux partants. C’était un moment assez plat, beaucoup plus triste que ce à quoi nous avons l’habitude. Ce n’est pas comme ça que nous aimons honorer nos joueurs. Le partage avec notre public, notre stade, nos partenaires auquel ils ont droit reste un moment inachevé. J’espère que nous aurons de bonnes nouvelles dans les semaines à venir pour profiter un peu mieux entre nous de ce moment singulier mais aussi de le partager avec l’ensemble des gens qui nous suivent. Quand la situation le permettra, il sera important d’honorer nos joueurs (du moins ceux qui seront en mesure d’être avec nous) comme il se doit.

 

Cette réunion fut elle le moment charnière entre la saison passée et la prochaine ? 
Nous avons beaucoup communiqué par visioconférence et groupes interposés mais c’est vrai que de réunir physiquement tous les acteurs et les décideurs de notre avenir permet plus de spontanéité dans l’échange et la compréhension. Nous sommes dans une situation de crise, une situation exceptionnelle et jamais vue ; il y a besoin d’avoir de la clarté pour comprendre les décisions qui vont être prises et qui doivent être élaborées en commun et en compréhension. Tout le monde doit se retrousser les manches et être prêt à faire des efforts que ce soit au niveau des salaires mais aussi au niveau du comportement pour aider les gens autour de nous. 

 

As-tu déjà un peu de visibilité vis-à-vis de la reprise ?
En fonction de décisions qui peuvent être prises par le gouvernement ou l’évolution de la crise sanitaire nous devons être prêts à nous adapter mais dans un premier temps un protocole a été mis en place grâce au travail des médecins et préparateurs physiques du rugby professionnel, le tout coordonné par la LNR. 5 phases ont été identifiées pour aborder la reprise. Une phase « zéro » a déjà commencé. Elle se fait à distance, par téléphone, afin de prendre toutes les informations durant cette période de confinement. Ensuite, il y aura une phase médicale avec des tests à l’effort et des échographies cardiaques notamment. Si des tests Covid19 sont disponibles, à ce moment-là, ils seront effectués sur tous les joueurs ou seulement ceux qui ont été identifiés lors de la première phase, nous ne le savons pas encore. Cette phase ne débutera que dans 3 semaines. Nous avons décidé de laisser les joueurs loin du stade durant les 3 semaines à venir, tout débutera réellement au début du mois de juin. Cette nouvelle phase s’étalera sur huit, dix jours et nous commencerons vraiment le travail physique individuellement puis par petits groupes (4 joueurs maximum) avec énormément de précautions (zones définies et adaptées, sens de circulation, désinfection rigoureuse de tous les espaces après utilisation, port de masques, pas de vestiaire, pas de douche, pas de restauration…) L’idée est simplement de faire un suivi de la préparation physique et de la remise en forme progressive des joueurs. Nous aurons toujours une double vision « médicale » et de « préparation physique » afin d’accompagner au mieux les joueurs durant ce début d’été, le tout dans des conditions sanitaires optimales et cadrées. L’idée est aussi de travailler par groupe et que ceux-ci ne se croisent pas. En cas de problème dans l’un des groupes, les autres ne seront pas affectés. Cela va demander beaucoup de travail pour le staff puisque nous allons multiplier les séances mais c’est comme ça et nous avons hâte d’y être afin de rentrer enfin dans quelque chose de concret. A partir de la mi-juillet (après une coupure d’une semaine) nous allons, je l’espère, pouvoir agrandir les groupes à une dizaine de joueurs afin de rentrer dans un travail plus technique (toujours sans contact et sans accès aux vestiaires), ce sera la phase « 4 ». Nous ferons alors une seconde coupure avant d’entamer la dernière phase qui devrait nous conduire à la reprise de l’activité Rugby complète autour du 10 aout. J’espère que nous pourrons organiser 2 matches de préparation à la fin du mois d’aout pour être prêts à redémarrer la compétition lors du premier week-end de septembre. Ce protocole s’inscrit « dans un monde parfait », il va falloir être prêt à s’adapter durant toute cette période en fonction de ce que vont révéler les tests et aussi comment évolueront les choses au niveau de l’épidémie et des décisions gouvernementales. Cela fait beaucoup de données à intégrer et aussi encore beaucoup d’incertitudes… cela dit, plus nous anticipons en amont plus nous serons en mesure de nous adapter durant cette période particulière que nous nous apprêtons à traverser.  

 

Dans ce dispositif de reprise, comment comptes-tu intégrer les nouveaux joueurs ?

Nous nous sommes concertés avec tous les clubs de TOP 14 à ce sujet. L’idée est que les joueurs sont sous contrat avec leur club jusqu’à la fin du mois de juin. Les joueurs concernés par le changement à l’intersaison seront donc pris en charge par leur club 2019-20 durant la première période. Ils seront testés médicalement et débuteront la reprise physique individuelle avec leur ancien club avant de nous rejoindre, nous ferons bien évidemment de même avec ceux qui partent. Il est possible d’avoir quelques dérogations mais pour l’instant le principe validé est celui-ci, les joueurs nous rejoindront effectivement au début du mois de juillet.

 

On entend parler de phases finales de Coupe d’Europe (saison 2019-20) d’une longue plage internationale à l’automne, avant même que la saison débute, celle-ci semble très chargée et complexe …

J’espère que nous pourrons rejouer le premier week-end de septembre mais je pense qu’il faut que nous ayons un peu de souplesse vis-à-vis des évolutions à venir. Franchement, je vois mal comment nous allons pouvoir placer un championnat, 3 semaines de Coupe d’Europe des matches internationaux dans cette période-là. A un moment, il faudra faire des choix et accepter les compromis.