En début de semaine, avant que son équipe n’arrive de Fukushima où elle était en acclimatation après un premier stage en Australie, le patron des Pumas nous a accordé une bonne partie de sa matinée en toute décontraction. Souriant, déconneur, et le regard toujours aussi malicieux, Mario n’a rien perdu de son sens de la répartie, de sa gouaille et de son charisme. En raccompagnant un journaliste avant de nous consacrer son temps, on constate à haute voix qu’après quelques années, il « n’a pas changé ». L’Argentin se marre se demande « si on se fout de sa gueule » met la main sur son ventre (à peine plus rebondi que dans les années 2010) et en profite, tout en remerciant le journaliste avec son français parfait et ce petit accent argentin qui rappelle de bons souvenirs, pour lui expliquer une thèse de son copain de toujours Thibaut Privat. « Thibaut disait que les gens m’aimaient bien car j’étais un petit mec un peu gros, le mec que tu peux trouver dans un bar, un joueur dans lequel tu peux t’identifier en te disant : si lui il y arrive, moi je pourrais y arriver aussi ! » Bien sûr, c’est exagéré car si les gens l’aimaient, et il ne faut pas plus cette anecdote pour se le rappeler, c’est parce que Mario est un personnage hors normes, généreux, entier et captivant comme il l’était sur le terrain… Entretien

 

Pour dire la vérité, nous avions préparé une première partie d’entretien « légère » pour ne pas prendre l’ancien talonneur « bille en tête » après quelques années de distance. Visiblement cela n’avait servi à rien puisque, Mario a fait valdinguer celle-ci en trente secondes… Qu’importe, nous le faisons quand même, pour le plaisir, en commençant par une question d’Aurélien Rougerie « Que retiens tu de ton passage à Clermont ? » A l’énoncé de la phrase, Mario chambre « il a trouvé que ça comme question ? »En lui promettant que la deuxième est mieux il accepte de répondre. « J’ai eu deux de mes enfants en Auvergne, ils sont plus français qu’argentins d’ailleurs lors de la dernière Coupe du Monde de foot, ils supportaient les Bleus c’était un peu compliqué à l’école. Ils parlent français sans accent et espagnol avec un petit accent français. J’ai aussi vécu mes plus belles années de rugby sur et en dehors du terrain avec l’ASM. » Thibaut Privat, lui demande ensuite à distance de nommer son pack auvergnat de rêve. Sans grande surprise, c’est sa génération qu’il désigne  sans hésiter « Lolo Emmanuelli, moi bien sûr, Martin Sclezo, Jamie et Thibault, Jubon, Chalo (Gonzalo Longo) Vermeulen t’es dehors (rires) et Alex (Audebert et Lapandry) »qu’il ne voudra pas différencier. C’est ensuite au tour de la seconde question d’Aurélien Rougerie qui lui redonne, aussitôt, le sourire… « Est-ce que Johnny le « marcheur » marche toujours ? » « Beaucoup mois »,confesse le talonneur argentin qui avoue désormais délaisser « le Whisky Coca pour le vin avec une préférence pour le Châteauneuf-du-pape »On lui laisse croire qu’on aurait pu lui en ramener une bouteille avant que celui-ci ne dégaine du tac au tac « Tu vas me faire croire qu’un Auvergnat m’aurait offert quelque chose ! »Il se trompe. Un beau maillot floqué à son nom attend dans un sac, sous la table, qu’il sera tout content d’amener avec lui à la fin de la matinée. 

Il ne reste qu’une question mystérieuse autour de « sa passion pour le Biathlon et particulièrement l’équipe de France de Martin Fourcade » révélée par le Grand (Thibaut Privat) … « Ah oui. C’est étrange, je ne me l’explique pas bien mais c’est vrai que je supporte toujours cette équipe de France. J’ai commencé à regarder le Biathlon sur Eurosport et je me suis accroché à cette discipline où Martin Fourcade défonçait tout le monde, avec aussi Bjorndalen qui doit avoir aujourd’hui 45 ans (NDLR :  exactement après vérification). Je n’ai jamais pratiqué, ça n’existe pas en Argentine, il n’y a pas d’ambiguïté j’ai donc le droit de continuer à les supporter tranquille »On acquiesce, avant que le patron des Pumas nous confie, entre deux discussions, une nouvelle facette de sa personnalité maintenant qu’il est devenu le chef des Pumas. « Ce qui a probablement le plus changé depuis que je suis passé entraineur et sélectionneur c’est que je ne supporte plus le retard, c’est une question de respect. Je suis intransigeant là-dessus parce que si tu commences à te laisser prendre par le temps tu ne fais plus rien. Regarde quand tu fais une réunion de staff ou avec n’importe qui, tu dis que ça dure trente minutes, mais tu vois comment c’est, les 10 premières minutes, on est des Latins, on fait le con et on raconte des saucisses, si tu arrives 10 minutes en retard sur les trente minutes prévues, tu ne bosses que 10 minutes soit 1/3 de ton temps… C’est pour ça que je ne supporte pas le retard. »
On regarde notre montre pour constater que même si nous avons commencé à l’heure « on est bien à 20 minutes de saucisses là ! » Pas grave, Mario n’est pas pressé, il continue la discussion dans un deuxième article plus rugby à retrouver plus tard sur le site. 

Crédit photo : @LosPumas 

 

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