La musique est parfois un échappatoire dans la vie des sportifs de haut niveau, pour Damien Chouly elle est plutôt une forme d’évasion et de créativité. Depuis longtemps, le troisième ligne international des « jaune et bleu » joue avec, mixe et crée son propre univers qu’il nous invite à découvrir, en musique.

Ses premiers souvenirs musicaux remontent à l’adolescence lorsque ses parents lui ont permis de se coincer un « Walkman » sur les oreilles. Son argent de poche ne faisait que transiter entre ses mains et celles des disquaires pour enrichir une collection de CDs débutée par les Albums de « Corona » ou « Coolio ». De la Dance, du Rap, on est bien loin du registre « commercial » qui fait le gros des ventes à cette époque où Damien rejoint le sport-études et découvre l’Internat. « Il fallait bien s’occuper, alors la musique était un moyen d’identification de la chambre. Ce fut aussi l’occasion de découvrir une multitude de choses différentes, les prêts de CDs 2 titres étaient quotidien ». Le besoin s’est alors installé pour ce jeune rugbyman en devenir. « La musique a toujours était un moment d’isolement et de tranquillité pour moi. Cela me permet de couper, de me déconnecter du présent. » Ainsi, vous ne le verrez jamais un casque sur les oreilles au moment de préparer une rencontre. Alors que cela est devenu presque naturel pour de nombreux joueurs, Damien s’y est toujours refusé. « Si je commence à écouter de la musique, je vais plus me focaliser sur la chanson que sur ma rencontre et cela aura l’effet inverse, celui de me déconcentrer. » Pour entretenir sa passion, Damien est passé par plusieurs phases, il s’est essayé à la guitare grattant ses premiers accords sur une « Folk » entre Brive et Perpignan, au son des « Red Hot » ou quelques autres grands classiques du rock américain, avant d’investir dans une platine et table de mixage où il « bricole » ses propres sons. « Entre écouter et faire de la musique, il y a un monde. J’essaye simplement d’associer quelques sons, selon mes inspirations et mes envies. » Au fil des saisons, Damien passe du Rap US à la House « plus festive, lorsque les beaux jours arrivent ». Derrière ses « créations », un plaisir personnel avant tout et une notion de partage qui rode toujours autour du personnage. « Je peux écouter des choses très différentes simplement pour découvrir et m’enrichir. La musique est faite pour être partagée, cela révèle aussi un feeling sur l’instant où les gens qui sont autour de toi. »

Un Mix pour se motiver avant la finale de Challenge Cup !

Pour aller au bout de sa passion, Damien a traversé l’Atlantique, et rejoint le sable rouge du désert californien afin de participer à Coachella, (le meilleur festival au monde depuis 10 ans selon le magazine Rolling Stone). « C’était en avril 2016. J’avais une semaine de vacances après le Tournoi des 6 Nations, c’était l’occasion, je n’ai pas hésité une seconde. Les souvenirs sont merveilleux, l’ambiance indescriptible. »  Son rêve ultime passe par « Burning Man », l’autre « Big One » US qui se tient chaque année dans le désert de Black Rock au Nevada et rassemble 50 000 fans de partage, de création artistique et bien sûr de musique. La proximité entre les artistes et leurs publics fascine, ce joueur pourtant habitué aux matches internationaux joués dans des stades à guichets fermés. « J’ai eu la chance de pouvoir découvrir cette sensation lorsque Manu Chao est venu au Michelin et que nous avions présenté le Brennus sur la scène. Les spectateurs sont juste-là, devant toi, la sensation est vraiment grisante. Les artistes partagent quelque chose de très fort avec les spectateurs. » Damien aurait-il envie de franchir le pas et de monter sur scène … « Non, vraiment la musique n’est qu’un plaisir. J’ai commencé à mixer avec quelques copains DJ’s quand j’étais à Perpignan mais ce ne sont que les bases. J’aime mettre quelques musiques derrière les autres, trouver de nouveaux sons mais la musique aujourd’hui est devenu très technique, une histoire de spécialistes, les grands DJ n’ont pas de soucis à se faire… » rigole le flanker auvergnat. Damien a pourtant mixé une playlist pour certains des joueurs auvergnats avant la finale de Challenge Cup. (https://soundcloud.com/choulydamien/mixtape-march-2019) « J’ai pris du plaisir à faire cela, je l’ai fait passer à quelques joueurs qui ont utilisé ce Mix à l’approche de la finale. » Une manière de partager sa musique et de prendre conscience de la place qu’elle occupe. Comme il n’y a jamais de « hasard » dans la vie, c’est une chanteuse qui partage la sienne : Ma’agan, une artiste « guitare - voix » aux inspirations proches de Norah Jones. Même si l’univers est assez éloigné du Rap US de Damien, la musique rapproche et les sollicitations pour qu’il reprenne la guitare de temps en temps pour apprendre de nouveaux morceaux et accompagner sa compagne ne sont pas rares. « Nous l’avons fait plusieurs fois et c’est vrai que c’est sympa » reconnait-il.  Sa préférence est encore à des musiques plus rythmées et un son plus électro. Ses coéquipiers qui pourraient bien recevoir un prochain Mix afin d’aborder les phases finales du Top 14, devront encore attendre un peu avant de le voir composer une balade… « Franchement, mis à part les fins de troisième mi-temps, la variété française n’est pas vraiment mon truc. »

Lui (comme nous) signerait pourtant, dès maintenant, pour hurler « les yeux d’Emilie » ou « les lacs du Connemara » dans une quinzaine de jours au coin de la rue princesse, dans le quartier Saint-Germain, haut lieu des soirées parisiennes...