Il y a 20 ans, jour pour jour, l’ASM Clermont Auvergne soulevait son premier bouclier européen. Jean-Marc Lhermet et Fabrice Ribeyrolles, à qui il avait transmis le brassard de capitaine cette année-là, soulevaient ensemble le premier titre européen de l’histoire du club. Fabrice Ribeyrolles, aujourd’hui entraineur des filles de l’ASM Romagnat revient sur cette belle aventure européenne.

Fabrice, quel souvenir gardes-tu de ce titre ?
Nous avions réalisé une très belle saison puisque nous étions allés au bout des deux compétitions : ce titre européen mais aussi la finale du Championnat de France au stade de France face à Stade Toulousain quelques mois plus tard. Je me souviens de ce match, du retour aussi qui avait été très festif avec nos supporters. Ce sont des moments inoubliables ! C’était la consécration de ce groupe de joueurs et aussi du travail des coachs qui avaient su nous amener à notre meilleur niveau.

Que retiens-tu du match en lui-même ?
Nous étions face à une équipe de Bourgoin qui était redoutable dans le combat. Je me souviens de « la valise » monumentale de Stéphane Castaignède au ras d’un regroupement qui avait amené l’essai décisif. Nous avions repéré cette zone et nous avons bien su l’exploiter. Je me souviens aussi avoir terminé la rencontre avec un énorme bandeau sur la tête puisqu’Arnaud Costes m’avait ouvert le crâne lors d’un double plaquage que nous avions effectué ensemble et, au final, tête contre tête. Ça ne fait pas terrible sur les photos (Rires) mais ça laisse des souvenirs. Je me rappelle aussi avoir pris un énorme tampon à retardement de Pierre Raschi … Bon finalement c’était un sale match pour moi (Rires)… Mais le dénouement en revanche est merveilleux. Il y avait cette remise du bouclier que nous avions souhaité partager avec Jean-Marc qui m’avait laissé le brassard de capitaine cette année-là. C’était un très beau passage de témoin, un grand moment. C’est drôle mais je me souviens que le matin de la rencontre, j’étais descendu le premier au petit déjeuner où il n’y avait que Victor Boffelli. Il m’avait demandé ce que je faisais là car ce n’était pas mon habitude… avant de me dire « ça sent la grande journée… » Il ne s’était pas trompé !

Que reste-t-il 20 ans plus tard…
Le titre pour le club déjà, le premier dans une compétition européenne, et aussi une bonne bande de copains. En fonction des affinités, des parcours des uns et des autres nous ne nous voyons pas si souvent mais les rencontres sont toujours de bons moments. Nous avons revu récemment Stéphane Castaignède avec Jean-Marc, les souvenirs ressurgissent vite dans ces moments !

Quels autres grands moments ont marqué cette saison 1998-1999 ?
Il y avait, bien sûr, cette finale du championnat mais avant cela nous avions été gagner à Toulon (22-37) dans un match de très haut niveau. Cela a construit cette équipe, cela nous avait fait prendre conscience de ce que nous étions capables de faire. A titre personnel, je m’étais également pété les croisés avant les phases finales du championnat. Je me souviens de moments terribles, en béquilles, impuissant au bord de la pelouse du stade de France. J’étais au fond du seau. Eric Nicol avait vécu la même chose lors de la finale du bouclier européen qu’il devait jouer (c’est Gerald Merceron qui avait remplacé l’ouvreur montferrandais lors de cette finale). Il partageait ma chambre et était dans le même état, je me rappelle aussi de cela et de sa présence dans le groupe autour de cette finale européenne.

Qu’est ce qui faisait la force de ce groupe justement ?
Franchement, nous nous amusions bien, sûr et en dehors du terrain. Il y avait un bon mélange d’expérience, de jeunesse, d’insouciance mais aussi de combat quand nous étions sur le terrain. L’expression est un peu surfaite mais le groupe vivait bien ! Vraiment. Les entraineurs avaient su monter la mayonnaise et savaient entretenir cela pour que le groupe travaille et s’amuse tout au long de la saison.

Un mot pour finir sur Franck (Azéma) qui jouait cette finale européenne à tes côtés au centre du terrain…
Franck était un joueur sérieux, très dur en défense mais qui aimait aussi porter le ballon. C’était un joueur sur qui on pouvait compter, avec qui tu pouvais voyager. Il ne donnait pas sa part au chien quand il fallait y mettre le nez. C’était aussi un bon mec pour le groupe, avec du caractère et du tempérament au service du collectif. Cette finale, nous l’avons jouée avec deux sacrés bons centres ! (Rires).