Au programme des « jaune et bleu » ce matin : une grosse séance de Rugby sans contact mais avec ce qu’il faut de physique pour taper dans les organismes. Au milieu des joueurs qui tirent de plus en plus la langue au fil des minutes, « Paulo » court comme un lapin, souffre comme les autres, mais la dose de plaisir est probablement plus grande que celle de ses coéquipiers pour celui qui voit enfin le bout du tunnel après de 6 mois et demi sans compétition. Aujourd’hui, sans le moindre strap, rien ne rappelle la grave blessure subie lors du dernier match de la saison 2017-2018, le seconde ligne clermontois est prêt à retourner sur le terrain et son envie est immense. Entretien…

Paul, tu as repris l’entrainement collectif depuis quelques semaine, la dernière ligne droite approche, comment te sens-tu ?
Bien. Je n’ai plus du tout de douleurs au niveau de mon genou, il semble réagir plutôt bien. Je continue à faire des soins supplémentaires mais le plus dur est derrière moi. Je retrouve de bonnes sensations. Depuis que j’ai repris le collectif, je me concentre plus sur le ballon ou les tâches que je dois effectuer et j’arrive même à oublier le genou. Ce sont de bonnes sensations, après avoir dû me concentrer sur cette rééducation durant de longs mois et avoir scruté l’évolution de la blessure à chaque évolution de l’entrainement, oublier la blessure et penser au Rugby est très agréable. A la fin de l’entrainement, je me dis juste : « c’est bon ça tient ! » (Rires)

On dit souvent qu’après ce genre de blessures le plus difficile est de parvenir à lever l’appréhension…
Oui, c’est la réalité. Je n’ai pas trop nourri cette appréhension dans le sens où j’ai, dès le début, accepté cette blessure. Le chirurgien ainsi que les gens qui m’ont pris en mains par la suite ont eu ma totale confiance. Je n’ai pas eu de crainte, je savais que tout ce que j’allais faire avec mon genou serait sous le contrôle de gens parfaitement compétents. La confiance a pris le dessus sur l’appréhension.

Tu es également passé par le CERS de Saint Raphaël…
(Il coupe) C’est là-bas que j’ai réappris à courir. Ça fait bizarre de dire cela mais c’est la réalité. De voir des gens nouveaux, d’aborder les choses d’une manière différente, ce fut très positif et stimulant. C’est une structure qui travaille avec des sportifs de tous horizons et aussi des personnes « lambda ». Cela m’a permis d’avoir un autre regard sur ma blessure et d’avancer.

As-tu connu des moments de doute ou de lassitude ?
Non pas de doute car je savais que j’allais m’en sortir. Je ne suis pas le premier et probablement pas le dernier à être passé par là. De la lassitude, probablement car on trouve le temps long à regarder les copains sur le terrain. Pour que la réhabilitation me paraisse moins longue je m’étais fixé des objectifs réguliers. Chaque palier (marcher, courir, un certain pourcentage en squat, les sauts, etc…) était l’occasion de me challenger. Dès que j’arrivais à un palier, je prenais un coup de fouet en me disant « maintenant le suivant… » « Allez dans 3 semaines, il faut que tu sois à ce niveau de squat, à ce temps à la course… » C’était, chaque fois, un nouveau défi et c’est cela qui m’a nourri durant ces mois.

Tu as vu le début de saison de l’ASM, j’imagine que tu as désormais hâte d’aider tes coéquipiers…
Bien sûr, quand on voit la force collective qui se dégager du groupe depuis le début de la saison, cela donne évidemment envie d’en faire partie, de vivre tous ces moments avec eux, et bien sûr d’être enfin sur le terrain.

« J’ai beaucoup de choses non pas à prouver … mais à « reprouver » ! »

Quand on a été absent aussi longtemps est ce que tu ressens, un peu, la sensation du nouveau au moment de retrouver le collectif ?
Pas nouveau car je suis toujours resté au contact des autres joueurs. Cela m’a d’ailleurs beaucoup aidé, encouragé quand il fallait faire de gros efforts pour retrouver les bonnes sensations. Mais, c’est vrai que le sentiment n’est pas le même que quand tu es dans le groupe depuis le début où tu ne te poses pas de question. Là, je n’ai pas envie d’être un boulet pour le groupe qui avance à plein régime, j’ai, vite, l’intention de me mettre dans le moule et de pouvoir apporter au collectif. Je n’ai pas envie de ralentir tout le monde, alors je travaille beaucoup, plus que si j’étais avec eux depuis le début de la saison. Je me dois de revenir au meilleur de ma forme et d’être à nouveau performant sur le terrain. J’ai beaucoup de choses non pas à prouver … mais à « reprouver » !

Ces premiers mois de la saison ont également permis de faire le point sur ton avenir en prolongeant ton engagement à Clermont.
Oui, c’est une très bonne chose. C’était ma volonté. C’est toujours une période délicate car à partir du moment où nous avons commencé à discuter, d’autres clubs et de nouvelles propositions sont venus se positionner. Ce sont des périodes particulières, car je n’aime pas trop regarder devant avec un point d’interrogation. Je savais que l’ASM avait envie de me conserver et mon intention était de poursuivre dans mon club formateur, finalement nous sommes tombés d’accord rapidement. C’est ici que j’ai commencé ma carrière professionnelle, que j’ai été formé. Je suis attaché aux valeurs que porte ce club et aux supporters qui ont été nombreux à m’envoyer un petit mot après cette prolongation. Cela m’a fait chaud au cœur et beaucoup touché, je sais que cela n’aurait pas été le cas partout et que nous avons une grande chance d’avoir un tel soutien ici en Auvergne.

Tu parles des supporters, après une saison compliquée, ils ont, dès la reprise, affiché leur soutien en venant nombreux au stade et depuis le Michelin ne désemplit pas…
Cela fait partie de l’identité de ce club et quand on parle de Yellow Army cela a vraiment du sens. Combien de clubs peuvent se réjouir de voir autant de supporters sur chacun de nos déplacements, de voir leur stade aussi vivant à chaque rencontre ? Aucun ! Même dans les moments difficiles, ils ont toujours été là et nous ont montrés leur soutien. Nous en avions besoin et nous sommes maintenant fiers de partager de plus belles choses avec eux. La communion qui existe entre le club et ses supporters et probablement unique et c’est aussi une très grande fierté de porter avec eux, le même maillot.

Aujourd’hui, quelles sont tes ambitions à moyen et long termes ?
Mon premier objectif est de retrouver le plus vite possible mon meilleur niveau et c’est à cela que je consacre toute mon énergie depuis plusieurs mois. Je sais que j’en ai encore pour quelques semaines au mieux, voire quelques mois. Pour le reste, mes objectifs sont plus collectifs. J’ai hâte de voir de quoi le groupe qui marche depuis le début de saison est capable de faire. J’ai envie de faire de grandes choses avec l’ASM et d’aller chercher de nouveaux titres. Avant cela, retrouver la compétition et avoir le sentiment d’apporter ma participation au collectif sera une première chose, une bonne chose.