En visite à Clermont depuis quelques jours, l’international treiziste qui a passé une douzaine de saisons chez les Dragons Catalans (récents vainqueurs de la Challenge Cup face à Warrington pour la première fois de l’histoire du XIII français) avant d’en devenir entraineur la saison dernière partage, cette semaine, le quotidien de l’équipe professionnelle aux côtés de Franck Azéma et Bernard Goutta. Des échanges constructifs entre les deux sports reliés par le même ballon et de nombreuses attitudes que Thomas Bosc a accepté de nous détailler…

Thomas, qu’est ce qui a motivé ta venue à Clermont cette semaine ?
Je viens de terminer ma première saison en tant qu’entraineur adjoint au sein des Dragons Catalans en tant que chargé de l’attaque et je voulais découvrir ce qui, pour moi, se fait de mieux dans le Rugby à XV en France. Les affinités que je peux avoir avec Franck et Bernard ont permis ces échanges, et je profite de ces quelques jours de partage pour découvrir les infrastructures et le fonctionnement d’un club comme celui de l’ASM.

Qu’est ce qui t’a le plus marqué lors de ton arrivée au club ?
Sans hésiter : le centre d’entrainement, c’est un formidable outil de travail qui regroupe tout ce dont les joueurs peuvent avoir besoin avant, pendant et après les entrainements dans un même lieu parfaitement adapté et moderne. Le fait d’avoir un terrain d’entrainement est aussi très bénéfique pour la pelouse du terrain d’honneur qui contrairement à nous n’est utilisée que pour les matches. Le staff est également plus étoffé que le nôtre en raison du plus grand nombre de joueurs présents sur le lieu d’entrainement. La prise en charge de tous les joueurs (aptes, blessés et en réathlétisation) semble très bien fonctionner. Il y a de quoi s’inspirer. Depuis quelques saisons, nous évoluons également dans ce sens-là, vers une bonne structuration de notre fonctionnement. J’ai joué 12 ans pour les Dragons Catalans et je suis encore dans une phase de découverte vis-à-vis du management. C’est très enrichissant de voir ce qui peut se faire et de le transposer à mon club pour le faire évoluer dans le bon sens.

Reconnais-tu des similitudes entre le management à l’ASM et celui des Dragons où tu évolues ?
Oui, bien sûr. Steve McNamara (head-coach des Dragons) et Franck fonctionnent avec la même philosophie basée sur l’échange et le partage des responsabilités. Il y a de nombreux échanges avec tout le staff sur la prochaine séance, l’analyse de ce qui vient de se passer, l’anticipation aussi. Tout est partagé sur un plan sportif mais aussi extra-sportif toujours dans le bien du groupe et des joueurs.

On a tendance à dire que les Treizistes s’inspirent des attaques des quinzistes et qu’en défense c’est plutôt l’inverse, est-ce un point de vue que tu partages ?
Oui, il y a un fond de vérité. Nous, comme les joueurs à XV, sommes à la recherche d’une technique individuelle toujours meilleure. Comment les joueurs courent avec le ballon, comment ils l’attrapent et comment ils le donnent… Ce sont les bases du Rugby mais il faut les répéter, et les répéter, à l’infini dans toutes les situations que les joueurs peuvent rencontrer sur le terrain à travers des Skills qui peuvent être communs entre les deux sports. Le jeu au pied est probablement un peu en avance dans le Rugby à XV et comme c’est une phase de jeu très importante à XIII, il est très intéressant de voir comment ils travaillent ce secteur-là. Je suis là pour partager avec les entraineurs, voir comment ils appréhendent tel ou tel secteur, voir aussi ce qu’ils pensent de notre sport ce que nous pouvons nous apporter les uns les autres.

Peut-être justement au niveau défensif où les treizistes sont très efficaces…
C’est différent car nous n’avons pas les mêmes objectifs. La technique de plaquage, en elle-même, est similaire : il faut faire tomber et c’est primordial dans notre sport. Au niveau individuel, il y a certainement des choses à prendre mais c’est difficile de comparer. A XII, dans l’idéal, l’attaquant est pris par deux défenseurs en haut et un troisième vient aux jambes pour faire tomber l’ensemble. Les deux premiers défenseurs essayent de mettre l’attaquant sur le dos pour qu’il ait le plus de mal à se remettre en position de faire le « tenu ». Cela permet de faire gagner du temps à la défense qui doit être à 10 mètres. Les objectifs ne sont pas les mêmes. L’objectif du défenseur est bien sûr de stopper l’attaquant mais aussi de faire perdre un maximum de temps à celui qui doit faire le tenu. Cela peut amener un peu de vice aux quinzistes mais ce n’est pas vraiment la même lutte. L’œil de Sébastien Bourdin (préparateur physique à l’ASM et ancien lutteur) est probablement intéressant dans les phases spécifiques du rugby à XIII et nos échanges seront forcément très enrichissants.

Pour finir, comment envisagez-vous ces échanges dans le futur…
Il est certain que nos sports ont beaucoup à s’apporter. La porte des Dragons est grande ouverte pour accueillir les Clermontois. Ils le savent. Steve McNamara est favorable à l’idée de venir lors d’une prochaine visite. Nous sommes totalement ouverts à cette idée de partage de compétences, d’expériences ou de management qui peuvent nous enrichir les uns les autres. Si nous parvenons à conserver le lien qui unit les deux structures cela ne peut être que bénéfique pour tout le monde.